PRINTEMPS 2018

ICOAN-Canada – Mise à jour 

Le Conseil de l’ICOAN‑Canada a tenu des téléconférences le 19 janvier et le 3 avril 2018. Durant la première, le Conseil s’est entendu sur huit priorités de l’ICOAN‑Canada, lesquelles sont liées à ses quatre rôles :

Coordination

  1. Collaborer avec des partenariats de conservation des habitats (comme les plans conjoints) afin d’assurer la conservation de toutes les espèces d’oiseaux de façon efficace;
  2. Veiller à ce que les partenariats soient dynamiques et travaillent activement à la conservation des oiseaux à différentes échelles dans l’ensemble du Canada.

Communication

  1. Coordonner périodiquement l’élaboration de rapports sur l’état des populations d’oiseaux;
  2. Présenter des exemples de réussites, de pratiques exemplaires et de projets pilotes intéressants qui témoignent des progrès réalisés, en particulier dans la conservation de groupes d’oiseaux à haut risque (oiseaux de prairies, oiseaux de rivage, oiseaux marins et insectivores aériens).

Suivi de la conservation des oiseaux

  1. Promouvoir l’adoption d’un système national de surveillance des habitats afin de favoriser une gestion adaptive de la conservation des oiseaux;
  2. Coordonner l’élaboration d’un système canadien de suivi exhaustif des activités de conservation des oiseaux afin de faciliter le contrôle des progrès réalisés et de favoriser la gestion adaptive.

Orientation des politiques

  1. Appuyer les efforts coopératifs de conservation des oiseaux migrateurs dans l’ensemble de l’hémisphère Ouest en soutenant les ententes internationales existantes ou en en créant de nouvelles;
  2. Exercer une influence sur les politiques relatives aux espèces envahissantes et sur les pratiques de gestion bénéfiques en matière de milieux humides, de prairies, d’îles et d’oiseaux marins.

Suite à la téléconférence de janvier 2018, nous avons formé quatre groupes de travail temporaires afin d’élaborer des mesures plus précises pour contribuer à la réalisation des priorités susmentionnées. À mesure que nous incorporons ces mesures dans un plan d’action, déterminons des échéanciers pour chacune de ces mesures et établissons des liens entre elles, les organismes pourront manifester l’intérêt de participer à des comités responsables pour faire progresser ces mesures. Pour de plus amples renseignements sur l’ébauche du plan de travail ou pour participer à la réalisation des priorités de l’ICOAN‑Canada, veuillez communiquer directement avec la coordonnatrice de l’ICOAN‑Canada (ec.icoancanada-nabcicanada.ec@canada.ca).

Des nouvelles de nos partenaires

Photo des trois coordonnateurs (de gauche à droite : Marie-France Noël, du Canada; Judith Scarl, des États-Unis; Humberto Berlanga, du Mexique)

Comité de l’ICOAN‑États‑Unis : Les trois coordonnateurs de l’ICOAN se sont réunis pour la première fois depuis de nombreuses années lors de la rencontre du Comité de l’ICOAN‑États‑Unis en février 2018 à Arlington (Virginie). Les trois coordonnateurs et les membres du sous‑comité international de l’ICOAN‑États‑Unis (Greg Butcher, Deb Hahn, Rob Clay, Scott Johnston et Guy Foulks) ont parlé d’une collaboration trinationale et du plan de mise en œuvre de la vision à l’égard de l’hémisphère. Nous espérons continuer la collaboration ainsi que la mise en commun et l’optimisation des ressources à mesure que l’ICOAN‑Canada poursuit sur sa lancée.

Partenariat en conservation des oiseaux de rivage : La Pacific Americas Shorebird Conservation Strategy (PASCS) (seulement disponible en anglais) est un projet regroupant plus de 53 organismes dans 14 pays le long de la voie migratoire du Pacifique. La David and Lucile Packard Foundation, la National Audubon Society, le Fish and Wildlife Service des États-Unis, le Service canadien de la faune, la MUFG Union Bank Foundation, le Plan conjoint des oiseaux du Pacifique, le Forest Service de l’USDA et des particuliers ont apporté un soutien financier pour assurer la mise en œuvre du projet. Couvrant toute la voie migratoire du Pacifique, le projet intègre des mesures de conservation dans tous les milieux géographiques, écologiques et culturels. Selon la PASCS, à l’échelle planétaire, 45 % des espèces d’oiseaux de rivage nichant dans l’Arctique affichent une baisse d’effectifs; dans la voie migratoire du Pacifique, 11 % des populations d’oiseaux de rivage subissent des déclins à long terme. Aucune population ne montre des signes d’augmentation, ce qui est alarmant. À l’heure actuelle, une planification stratégique de conservation est essentielle pour veiller à ce que les priorités soient prise en compte rapidement et que les initiatives visant les oiseaux de rivage soient les plus efficaces et rentables. La première phase de la mise en œuvre de la PASCS, publiée en 2016, débutera bientôt. Vous pouvez consulter la stratégie (en anglais ou en espagnol) sur le site Web de l’U.S. Shorebird Conservation Partnership.

Association canadienne de l’électricité (ACE) : L’ACE a récemment établi des pratiques de gestion bénéfiques (PGB) afin d’orienter le travail de ses entreprises membres. Fondées sur une vaste expérience pratique de la construction et de l’exploitation de centrales électriques au Canada, ces PGB ont une portée nationale, mais leur application est locale. Ces pratiques comprennent un cadre de gestion du risque et une trousse d’outils d’atténuation, à partir de laquelle les membres peuvent sélectionner des mesures d’atténuation pertinentes à la situation. Les PGB ont été élaborées précisément pour les interactions avec des oiseaux migrateurs, mais l’applicabilité générale de ce document aura des effets positifs sur toutes les espèces d’oiseaux. Jetez‑y un coup d’œil!

La Paruline du Canada dans les Andes colombiennes : Depuis 1970, les populations de Parulines du Canada (Cardellina canadensis) ont diminué de plus de 70 %. En 2008, l’espèce a été ajoutée à la liste des espèces menacées en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Les menaces qui pèsent sur l’espèce, comme la perte et la dégradation de l’habitat dans les aires d’hivernage du nord de l’Amérique du Sud, sont les principaux facteurs de son déclin. Le Service canadien de la faune et la Direction générale des sciences et de la technologie d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) appuient les travaux de recherche dans les aires d’hivernage menées par Ana González, étudiante au doctorat de l’Université de Saskatchewan. Dans cette vidéo (seulement disponible en anglais et espagnol), vous pouvez en apprendre plus sur ses travaux fascinants dans les Andes colombiennes. Ces travaux, qui en sont à leur cinquième saison, visent à mieux comprendre les besoins spécifiques en matière d’habitat de la Paruline du Canada et l’importance des plantations de café, cultivé à l’ombre, pour sa survie hivernale de même que d’autres facteurs entraînant la tendance à la baisse de la population. Ce projet s’effectue dans le cadre de la Canada Warbler International Conservation Initiative (CWICI), réseau collaboratif d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux dans l’aire de répartition de l’espèce. Les participants à la CWICI achèvent un plan d’action à l’échelle de l’hémisphère qui a pour objectif d’orienter les travaux de conservation durant tout le cycle vital de l’espèce.

Anecdotes de travail du terrain

Par Christian Friis, biologiste de la faune au Service canadien de la faune (Région de l’Ontario)

Basses terres de la baie d’Hudson en Ontario et proportion de milieux humides (en rose). L’emplacement de la pointe Longridge est indiqué par une étoile.

Les rotors de l’hélicoptère fonctionnent encore, et j’entends déjà un Râle jaune. C’est la première espèce dont je note la présence lors de mon atterrissage à la pointe Longridge pendant mon premier voyage, en 2010, sur la côte de la baie James, qui vise à surveiller les oiseaux de rivage en migration vers le sud. Depuis, j’y suis retourné chaque année et, même si j’en ai entendus, je n’ai pas encore vu de Râles jaunes. Petits oiseaux sournois! Lorsque le bruit assourdissant de l’hélicoptère cesse, on se retrouve seul avec ces oiseaux. La côte de la baie James, paisible et presque non altérée par l’être humain, offre de vastes étendues de battures et de milieux humides intertidales qui soutiennent des milliers d’oiseaux de rivage, d’oiseaux aquatiques et de sauvagine. Les basses terres de la baie d’Hudson forment le troisième plus gros complexe de milieux humides sur terre. Les écosystèmes côtiers du sud de la baie d’Hudson et de la baie James constituent un point névralgique mondial pour la reproduction et la halte migratoire des oiseaux aquatiques (qui incluent les oiseaux de rivage, la sauvagine et les plongeons) ainsi que des oiseaux migrateurs néotropicaux. On estime que la plus grande partie de la population de Bécasseaux maubèches de la sous‑espèce rufa et qu’une grande proportion des populations mondiales de Barges hudsoniennes, de Bécasseaux semipalmés, de Bécasseaux à croupion blanc, de Bécasseaux variables ainsi que plusieurs autres espèces d’oiseaux de rivage se reproduisent dans les basses terres ou utilisent les aires le long de la côte pour se refaire des réserves de graisse et effectuer une mue partielle en préparation à leur migration dans l’hémisphère Sud.

La valeur des basses terres pour les oiseaux est bien connue des Cris de la baie d’Hudson et de la baie James depuis des millénaires. La sauvagine et les oiseaux de rivage migrateurs fournissent un revenu aux collectivités locales grâce à l’écotourisme et à la chasse. Les interactions avec nature ont récemment changé, mais les Cris possèdent encore un lien très étroit avec la terre et ses espèces sauvages. Des membres de la Première Nation crie de Moose ont participé à des recherches sur le terrain dans plusieurs de nos sites depuis 2011. Je m’attends à ce que cette participation continue (et augmente) à mesure que des membres des Premières Nations forment des liens étroits avec les organismes participant à ces recherches. Des familles de Moose Factory nous prêtent maintenant leur camp de chasse en été, que nous utilisons comme bases pour nos activités sur le terrain. La collaboration avec la Première Nation crie de Moose a permis à nos équipes de travailler relativement confortablement chaque saison très près de nos sites d’étude.

En 2017, nous avons achevé la huitième saison du projet d’oiseaux de rivage de la baie James. Le projet a commencé en 2009 à titre d’expédition d’observation d’espèces en péril menée par Mark Peck, du Musée royal de l’Ontario (MRO), grâce au financement du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario. Le projet a depuis pris de l’ampleur pour inclure une surveillance annuelle de trois sites se trouvant entre les rivières Moose et Albany pendant six à huit semaines, à partir de la mi‑juillet. À l’heure actuelle, le Service canadien de la faune et la Direction des sciences de la faune et du paysage d’ECCC, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, Étude d’oiseaux Canada, la Première Nation crie de Moose et l’Université Trent mènent ce projet collaboratif dans le cadre d’une initiative de conservation plus vaste à laquelle participent les Premières Nations de la baie James et Nature Canada. La participation du MRO a pris fin en 2016; heureusement, d’autres partenaires continuent maintenant l’excellent travail commencé par le musée. La surveillance et la recherche sont centrées sur les oiseaux de rivage, mais les organismes partenaires réalisent également des travaux sur d’autres oiseaux migrateurs, espèces sauvages et habitats de la côte de la baie James.

En tant que groupe, les oiseaux de rivage ont connu des déclins constants au cours des dernières années. La surveillance des populations est essentielle afin de déterminer l’étendue et l’ampleur de ce déclin et constitue le fondement d’un programme international appelé PRISM (Program for Regional and International Shorebird Monitoring), spécialement conçu pour surveiller l’abondance et d’autres indices vitaux des espèces. Le PRISM est fondé sur une approche de surveillance du passage des oiseaux migrateurs et d’élaboration d’un indice de population à partir de ces données. Ces méthodes, utilisées depuis le début des années 1970, se sont révélées utiles en l’absence d’autres techniques, comme la surveillance des aires de reproduction.

Bécasseaux maubèches de la sous‑espèce rufa à la pointe Piskwamish (au sud de la pointe Longridge). Photo gracieusement fournie par Ron Ridout.

Nous avons intégré la méthode du PRISM dans le projet pour surveiller les oiseaux de rivage migrateurs qui utilisent les zones le long de la côte de la baie James pour se reposer et s’alimenter en préparation à leur migration vers l’hémisphère Sud. Des recherches passées et récentes ont révélé que la baie James se trouve sur une voie migratoire importante de plus de 25 espèces d’oiseaux de rivage. La baie James comprend des haltes migratoires cruciales pour les oiseaux de rivage adultes et juvéniles qui migrent vers le sud. La région pourrait également jouer un rôle notable durant la migration printanière de certaines espèces. Le Bécasseau maubèche (population rufa) est un cas particulier. Cette sous‑espèce, dangereusement peu nombreuse, a été désignée comme en voie de disparition par le gouvernement du Canada et le gouvernement de l’Ontario. Selon les estimations actuelles, au moins 25 % des membres de la population rufa utilisent nos sites d’étude durant leur migration vers le sud. La poursuite des travaux avec de nouvelles technologies, comme le Système de surveillance faunique Motus, nous permettra de mieux comprendre le passage des populations d’oiseaux migrateurs qui utilisent la côte de la baie James.

Six zones importantes pour la conservation des oiseaux chevauchent la côte sud de la baie James en Ontario, au Québec et au Nunavut. Des portions de seulement trois de ces zones comprennent des refuges d’oiseaux migrateurs (ROM), qui sont officiellement protégés grâce à la règlementation provinciale ou fédérale. Il s’agit des ROM de l’île Akimiski, de l’estuaire de la rivière Moose et de la baie Hannah. Les autres sites ne font pas l’objet d’une protection juridique. De nouvelles études sur les oiseaux migrateurs le long de la baie James dans les années 1970 ont mené à l’établissement du Réseau de réserves pour les oiseaux de rivage dans l’hémisphère occidental (RRORHO) en 1985. Dans les années 1990, le Service canadien de la faune a compilé un inventaire de sites possibles pour le RRORHO le long de la baie d’Hudson et de la baie James qui vaut encore aujourd’hui, et la sélection des sites dans le cadre de notre projet était basée sur ces relevés. En 2017, la Première Nation crie de Moose a nommé la zone située dans leur territoire un site d’importance hémisphérique du RRORHO. Il s’agit là d’un signe de partenariat couronné de succès que nous voulons poursuivre, et d’une réussite importante pour la recherche et la conservation des oiseaux de rivage!

Pour de plus amples renseignements sur le projet, vous pouvez visiter notre site Web (en anglais) (https://www.jamesbayshorebirdproject.com/) et notre page Facebook (en anglais) (https://www.facebook.com/jamesbayshorebirdproject/) et nous suivre sur Twitter (@JBShorebirds) (contenu seulement en anglais).

La limite de l’aire importante de nidification proposée est le nouveau site du RRORHO.